REVALORISATION DES ENSEIGNANTS : MACRON HORS-SUJET
Les annonces du président de la République concernant la « revalorisation » des enseignants trahissent les promesses du candidat Macron. À l’augmentation de 10 % de tous les enseignants, il a opté aujourd’hui pour une hausse « moyenne » de 10 %, donc inégale entre les personnels.
Contrairement à une idée-reçue, les enseignants en France travaillent 900 heures par an en face-à-face devant élèves (quand la moyenne européenne est de 700 heures) et leurs salaires sont inférieurs à leurs collègues européens – les salaires dans le 1er degré y sont inférieurs de 20 % à ceux de l’OCDE. On peut ajouter que dans nos écoles, les enseignants travaillent devant les classes les plus chargées de l’Union Européenne. On comprendra que les annonces présidentielles ne répondent pas aux enjeux du moment – déclassement, dévalorisation et la déqualification de la fonction enseignante à un moment où les concours de recrutement peinent à trouver des candidats.
Au-delà de « l’augmentation socle » qui reste très loin de la moyenne des fonctionnaires de catégorie « A » qui gagnent 900 euros de plus mensuellement, « le Pacte » annoncé par le président de la République est lié à l’acceptation de nouvelles missions. Ce « travailler plus, pour gagner plus » aux relents sarkozystes est la négation même de ce que demandent les enseignants, à savoir d’être revalorisés pour ce qu’ils font déjà, que l’on prenne enfin en compte leur charge actuelle de travail, la complexité de leur mission et que l’on redonne de l’attractivité à leur métier et carrières.
En excluant de ce « pacte » des missions que les enseignants effectuent à ce jour sans aucune rétribution – accueil des enfants porteurs de handicap, relations avec les parents, corrections, … – le président de la République et son ministre laissent à penser que les enseignants disposent de temps libre alors qu’en réalité ils travaillent en moyenne 43 heures par semaine comme le souligne une enquête de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance publiée en octobre dernier.
Enfin, la faisabilité des missions supplémentaires liées à ce pacte – intervention en 6ème pour les enseignants du 1er degré, remplacements pour ceux du second degré, dispositif « devoirs faits » pour les élèves de 6ème – montrent une méconnaissance du fonctionnement réel des établissements, surtout à effectifs constants.
Pour les socialistes, l’Éducation et la réussite de tous les jeunes doivent redevenir la première des priorités : cela passe par la reconnaissance sonnante et trébuchante des missions assurées par les enseignants sans charge de travail supplémentaire et sur une amélioration de leurs conditions de travail.
Au travers de cette reconnaissance de nos enseignants, c’est l’avenir de l’École de la République et donc l’avenir de notre jeunesse qui sont en jeu.