La première journée de l’opération « Wuambushu » déclenchée à Mayotte par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer ce lundi vient confirmer que le Gouvernement entend apporter aux vraies difficultés sécuritaires, migratoires et, de fait de services publics et de justice sociale, de ce département des réponses à la fois moralement inacceptables et par ailleurs inefficaces à moyen et long terme.
Après avoir bien trop longtemps sous-estimé la gravité de la situation mahoraise, le Gouvernement privilégie aujourd’hui des mesures brutales et spectaculaires qui sont à bien des égards dépourvues d’humanité, surtout quand nombre d’enfants resteront sur l’île quand leur parents seront expulsés.
Le Parti socialiste déplore que soient promis à la destruction des quartiers entiers, certes insalubres, mais sans alternatives suffisantes pour reloger des familles et des enfants qui seront placés dans une précarité encore plus grande avant d’être expulsés. Il rejoint en cela l’inquiétude exprimée par la Défenseure des droits et plusieurs associations comme la Ligue des droits de l’Homme. Le tribunal judiciaire de Mamoudzou, à Mayotte, vient d’ailleurs de suspendre l’opération de destruction du bidonville « Talus 2 » du quartier de Majicavo, dans la commune de Koungou. Le juge des référés « ordonne au préfet de Mayotte de cesser toute opération d’évacuation et de démolition des habitats » à Majicavo, précisant que « la destruction des habitations (…) est manifestement irrégulière », « mettant en péril la sécurité » des habitants.
Le refus des Comores d’autoriser ce lundi l’accostage du bateau transportant les premiers expulsés de l’opération témoignent en outre de l’absence de coordination entre la France et les autorités comoriennes dans le cadre de cette opération.
À l’inverse de l’approche du Gouvernement, les socialistes estiment qu’aucune solution durable aux difficultés de Mayotte ne se fera dans le tout-répressif et sans une coopération étroite avec les Comores. Il en va de la capacité de la France à répondre aux enjeux de sécurité, de protection des personnes et des biens de ce département dans le respect des valeurs républicaines.