En ce moment dramatique en Espagne, alors que la région de Valence connaît des inondations au bilan tragique, le Parti socialiste adresse ses plus sincères condoléances aux familles endeuillées et exprime son soutien à toutes les victimes, ainsi qu’aux forces de secours engagées sur le terrain et à la population confrontée aux conséquences de la mise hors service de nombreuses infrastructures essentielles à la vie quotidienne : transport, énergie, télécommunications…
Le roi d’Espagne, Philippe VI, et le Premier ministre, Pedro Sanchez, en se rendant sur place aujourd’hui ont pu entendre la détresse et la colère des habitantes et des habitants, qui reprochaient aux autorités locales le manque d’information sur l’avancée des secours, sur les gestes à adopter, mais aussi sur leur lenteur à communiquer sur l’imminence de cette catastrophe dont l’ampleur a probablement été sous-évaluée par la Généralité de Valence.
Ce drame n’est pas isolé. Il fait suite à d’autres, ailleurs en Europe et dans le monde. Il doit être considéré à sa juste valeur : un puissant signal de la nécessité vitale, pour protéger les populations, de s’adapter au dérèglement climatique et de prévenir un réchauffement trop important. Le déni climatique affiché par de trop nombreux responsables politiques a ou aura des conséquences tragiques dans nos vies à toutes et tous. Il s’agit de faits scientifiques démontrés, d’actualité, pas de fiction. Il nous faut agir non seulement pour garantir une terre habitable aux futures générations, mais aussi aux générations actuelles.
En Espagne, l’une des causes et des accélérateurs de cette catastrophe réside dans l’urbanisation frénétique qu’a connue le Sud du pays ces 50 dernières années et qui a ravagé des écosystèmes. Selon Clément Gaillard, docteur en urbanisme. “Ce sont près de 9 000 hectares de vergers qui ont été détruits, remplacés par des espaces bétonnés entre 1956 et 2011”. L’eau a ainsi pu ruisseler et converger plus rapidement, plus intensément, et dans des volumes beaucoup plus importants vers les zones habitées, parfois situées en zones inondables, créant des dommages sans précédent. L’urbanisation et l’artificialisation nette des sols, en effet, augmentent la vulnérabilité des villes face aux phénomènes d’inondations. La mise en place de PLU bioclimatique et l’adoption de plan de résilience des sols sont des outils pour mieux anticiper collectivement ces phénomènes. Nous devons les porter collectivement à tous niveaux, local, national et européen.
Mais ce n’est pas la seule cause. A Valence comme ailleurs, notre consommation abusive d’énergie fossile, productrice de gaz à effet de serre, entraîne un déséquilibre des radiations dans l’atmosphère et réchauffe notre environnement à une vitesse jamais observée jusqu’ici. Ce réchauffement augmente considérablement les risques et l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes comme celui qu’a subi la région de Valence. Nous devons à la fois agir pour le modérer et pour nous adapter. Il s’agit bien d’un sujet politique, éminemment politique.
Les études ont été faites, les bilans chiffrés et les préconisations émises. Et c’est bien en affrontant la réalité en face, avec les risques à venir, mais aussi avec nos atouts à jouer, que nous pourrons protéger nos concitoyennes et nos concitoyens. Ce n’est pas en faisant l’autruche, ou en diminuant les budgets consacrés à la transition écologique, que l’on parviendra à éviter le pire, bien au contraire. C’est pourtant la position des dirigeants de la région de Valence, conservateurs du Parti populaire et membres du mouvement d’extrême-droite Vox, au pouvoir de juin 2023 à cet été, qui osent maintenant accuser l’agence nationale de météorologie et le gouvernement de Pedro Sanchez, alors même que c’est leur gouvernement local qui a compétence et qui a refusé d’agir ou qui l’a fait de manière catastrophique, en démantelant sans scrupule, par exemple, l’Unité de réponse aux Urgences, service public créé par la majorité de gauche qui l’avait précédé.
Et, bien entendu, ces enjeux ne sont pas propres à l’Espagne. La France a également connu récemment des phénomènes extrêmes, et ils seront de plus en plus fréquents. Dans ce contexte, on ne peut que déplorer la baisse des budgets consacrés à la transition écologique décidée par le gouvernement Barnier. Au bas mot, c’est un recul de près de 2 milliards d’euros sur les trois principales enveloppes : diminution de 500 millions sur le parc automobile, d’un milliard sur l’aide à la rénovation énergétique des logements et de 400 millions sur les aides aux collectivités locales. Ce même gouvernement vient d’annoncer sa volonté de remettre en cause l’objectif de Zéro Artificialisation des Sols Net (ZAN) pour 2050. Étonnant quand on sait qu’il existe des surfaces imperméabilisées qu’on pourrait densifier au lieu de vouloir en artificialiser de nouvelles, sans pour autant condamner le développement des bourgs et des villages. Enfin sur le plan de l’adaptation, le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC) a finalement été mis en consultation jusqu’à la fin de l’année, après plusieurs mois de retard. Peu ambitieux, non financé, il est une déception de plus dans l’océan de renoncements de ces dernières années, dénoncés dans le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat, qui rappelle les retards de la France en matière d’adaptation.
Les inondations de Valence illustrent bien l’urgence de s’attaquer aux dérèglements climatiques et d’interroger plus globalement nos modes de vie. Nous le devons aux victimes, nous le devons aux générations actuelles et futures. A quelques jours de la COP29 à Bakou, c’est bien notre capacité à nous unir face aux enjeux que nous devons mobiliser, dans un élan de solidarité qui profitera à toutes et tous.