Candidature de Thierry Breton à la Commission européenne : le Parlement européen remplira son rôle Le Président français a donc désigné Thierry Breton comme Commissaire. Il doit sans doute parier sur le fait que le Parlement européen n’osera pas retoquer une deuxième fois un candidat français, mais les députés feront leur travail. M. Macron est ainsi celui qui casse l’objectif de parité dans le collège de Mme Von der Leyen, sauf à obliger la Hongrie et la Roumanie à désigner une femme. M. Macron fait de l’intégrité du portefeuille sa priorité. Le conserver avec un tel candidat sera compliqué. Affaire Rhodia – sur laquelle le Parlement européen s’était penché -, entente sur les prix des grands opérateurs téléphoniques, vente de Canal+ Technologies à Thomson : Les questions soulevées par le parcours de Monsieur Breton sont nombreuses. Il y a également sa responsabilité morale dans le désastre des suicides chez France Telecom. Enfin, l’ancien PDG d’Atos, numéro un européen des services du numérique, connaît l’industrie européenne du futur par cœur, c’est un fait. Mais il la connaît peut-être trop : le risque de conflit d’intérêts est significatif, tant son entreprise a bénéficié de subsides importants de l’Union européenne, encore 1,2 millions d’euros au mois de septembre provenant du FEDER. Sans parler des projets en matière de supercalculateur européen : alors que nous négocions le budget européen pour la période 2021-2027, on parle d’une enveloppe de près de 3 milliards d’euros, secteur dans lequel Atos est une entreprise majeure. Après le crash de Sylvie Goulard, si le président Macron imagine que l’audition de Thierry Breton sera une formalité, il se trompe lourdement. Le Parlement a prouvé qu’il n’était pas une simple chambre d’enregistrement et il remplira son rôle une fois de plus.