Michelin, Auchan, Vencorex…les plans sociaux se multiplient, et ce n’est qu’un début. En plus des coupes budgétaires annoncées par le gouvernement, c’est un vaste plan national de paupérisation des salariés qui se profile à l’horizon. Chaque fois qu’une usine ferme ce sont des destins de famille brisées, des territoires orphelins de leur industrie et la France qui perd en savoir-faire et en compétitivité.
Les niveaux de défaillance parmi les TPE, PME et ETI ont atteint des niveaux historiques : on dénombre ainsi 66 000 défaillances d’entreprises en un an. Les licenciements économiques ont de leur côté augmenté de 15% en 2024 et la CGT annonce plus de 150 000 emplois voués à disparaître.
Ce démantèlement industriel, présenté comme une fatalité, est en réalité le résultat d’un choix politique. Le gouvernement n’a jamais cherché à conditionner ni à contrôler l’argent public attribué aux grands groupes industriels. En se concentrant sur la start-up nation, le gouvernement a abandonné notre tissu productif industriel et de distribution. Au premier semestre 2024 le solde entre ouverture et fermeture de sites est devenu négatif à -8 selon les données de Bercy, alors qu’il était positif depuis plusieurs années.
Le choix fait a été d’abonder les comptes des grands groupes en subventions publiques sans aucune contrepartie. Michelin a par exemple reconnu avoir touché 55 millions d’euros par le biais du Crédit Impôt Recherche. Et, alors qu’ils annonçaient en 2019 la fermeture du site de la Roche-sur-Yon et la suppression de 693 emplois, le groupe avait déjà touché plus de 65 millions du fait du CICE depuis 2013. Nous refusons que l’État subventionne ainsi les licenciements de salariés dans l’industrie.
La course effrénée au superprofit a conduit à des montants records pour les actionnaires dans les mêmes entreprises qui licencient aujourd’hui. Chez Michelin, les sommes des dividendes et rachat d’actions s’élevaient à 456 millions d’euros en 2020 et 410 millions d’euros en 2021. Après qu’elles ont plus que doublé pour atteindre 923 millions en 2022 et 892 millions d’euros en 2023, l’entreprise a annoncé vouloir porter ces sommes à un montant record de 1,464 milliards d’euros au titre de l’année 2024. Le groupe Auchan a bénéficié pour sa part de 500 millions d’euros de CICE en 2020 et a versé 1 milliard de dividendes en 2022-2023 à ses actionnaires mais annonce aujourd’hui la suppression de 2 389 emplois et la fermeture d’une dizaine de magasins à travers la France.
Dans tous ces plans sociaux, nous déplorons l’absence de dialogue social, l’étude de projet industriel alternatif à la fermeture définitif des sites, le manque de partage d’informations avec les salariés et l’absence d’anticipation des dirigeants qui prennent des décisions à la dernière minute en laissant les salariés sur le carreau.
C’est pourquoi, nous exigeons le conditionnement des aides publiques aux grands groupes industriels au maintien de l’emploi, y compris chez leurs sous-traitants. Nous continuons de demander une taxe sur les superprofits des industriels qui profitent grassement des aléas de la conjoncture économique au détriment du porte-monnaie des Français.
Pour dissuader les licenciements boursiers, nous proposons de renchérir le coût des licenciements collectifs pour les entreprises qui versent des dividendes ou rachètent leurs actions.
Nous demandons également au gouvernement un moratoire sur les fermetures de site dès que les salariés n’auront pas été informés suffisamment en amont des intentions de leurs dirigeants et que d’autres solutions industrielles n’auront pas été présentées aux représentants des personnels. Plus que jamais nous considérons que la participation des salariés au conseil d’administration de ces entreprises et leur accès à une information fiable et transparente sont nécessaires pour, le cas échéant, anticiper ces décisions stratégiques.
Dans tous les cas, nous considérons que les licenciements secs ne sont pas acceptables et que ces groupes doivent s’engager à former plutôt que licencier et à contribuer au maintien de l’appareil industriel sur le territoire aux côtés de l’État et des élus locaux.
Nous ne lâcherons rien, et appelons tous les parlementaires qui souhaitent défendre les salariés injustement condamnés par les erreurs d’un gouvernement méprisant de celles et ceux qui constituent la force vive du développement de notre économie, à nous rejoindre. Soyons à la hauteur des enjeux.