Il y a encore quelques années, les naufrages de migrants, la vue de corps d’enfants échoués sur une plage provoquaient l’indignation.
Hier au large de Crotone, des dizaines de personnes se sont noyées faute d’avoir pu rejoindre l’Union européenne de manière sûre, mais aussi d’avoir pu être sauvées en Méditerranée. Et les réactions sont comme résignées. Pourtant, la tristesse et la colère sont intactes. D’autant plus que ces drames sont évitables.
Leurs causes ne sont pas d’une extrême complexité à comprendre. L’insuffisance de voies légales, contrôlées et sûres ne permet pas d’arriver sur le territoire européen en sécurité et oblige à avoir recours à des passeurs criminels, trafiquants d’êtres humains.
En outre, le gouvernement italien d’extrême droite a décidé de rendre plus complexes les sauvetages pour les ONG ; alors même qu’elles sont quasiment seules à assurer cette mission qui devrait être dévolue aux autorités nationales et européennes. Le motif est que les sauvetages en mer constitueraient un appel d’air, un facteur d’attraction pour les migrants. Pourtant depuis plus d’une décennie il y a de moins en moins de sauvetages, les opérations européennes de recherche et sauvetage en mer ont été stoppées, les ONG criminalisées. Y a-t-il moins de personnes à risquer leur vie en franchissant la Méditerranée ? Absolument pas. Voter pour l’extrême droite en Italie ou ailleurs, c’est voter pour des lois basées sur des mensonges qui provoqueront d’autres morts.
Nous le répétons : l’UE doit organiser des opérations de sauvetage à l’échelle européenne et des accès régulés et sûrs. Sinon, les drames continueront dans l’indifférence générale. Ce dont nous avons besoin c’est de ré-humaniser notre politique migratoire, en assumant notre place de continent de paix et donc de terre d’asile.